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Études de cas

Réduire le risque de transmission locale de la dengue en France

Réduire le risque de transmission locale de la dengue en France

Le risque d’épidémies locales de dengue augmente dans de nombreuses régions d’Europe en raison de l’urbanisation croissante et de la mondialisation. En outre, le réchauffement climatique augmente l’adéquation climatique en Europe pour Aedes albopictus, une espèce de moustique envahissante agissant comme vecteur du virus de la dengue.  En France, Aedes albopictus est déjà très répandu. En 2022, sa présence a été détectée dans la majorité des districts administratifs du continent français (départements).

La dengue est une maladie obligatoire à déclaration obligatoire en France depuis 2006. Cela permet de surveiller le nombre de cas et d’événements épidémiques. Le nombre de transmissions autochtones de la dengue a augmenté depuis la première détection de cas autochtones en 2010, et a atteint un niveau record en 2022, ce qui soulève un problème de santé publique. Afin de prévenir le risque de transmission de la dengue (ainsi que d’autres maladies transmises par Aedes albopictus, comme le chikungunya et le Zika), une surveillance renforcée est mise en œuvre dans les districts administratifs où Aedes albopictus est établi et lorsqu’il est actif (entre mai et novembre). Cela comprend des campagnes de sensibilisation sur le diagnostic et l’établissement de rapports à l’intention des professionnels de la santé au début de la saison des moustiques; le dépistage des cas suspects de dengue, ainsi que de chikungunya et de Zika; examen quotidien de la base de données des principales plates-formes de laboratoire pour la recherche active de cas; les enquêtes épidémiologiques effectuées pour chaque cas importé et autochtone; et des mesures de lutte contre les vecteurs mises en œuvre aux endroits où des cas se produisent.

Description de l'étude de cas

Défis

La dengue conduit principalement à une maladie fébrile, mais les formes graves comprennent des saignements internes ou une déficience des organes et la mort. En Europe, la dengue se transmet principalement entre les humains par la piqûre de moustiques Aedes albopictus qui deviennent infectés après s’être nourris de personnes (principalement celles qui voyagent de l’étranger) qui souffrent de dengue. La transmission autochtone peut alors se produire dans les zones où le moustique Aedes albopictus est établi et où les conditions climatiques sont favorables à latransmission (Jourdain et al., 2020). Les conditions climatiques et environnementales ont un impact majeur sur l’efficacité du système vectoriel, la densité vectorielle et les contacts hôte-vecteur (Reinhold et al., 2018). Le changement climatique rend les conditions dans plusieurs régions d’Europe, où Aedes albopictus n’a pas été endémique auparavant, plus adapté au moustique et à la transmission du virus.

Aedes albopictusest implanté dans le sud de la France depuis 2004. En 2022, 67 des 96 districts administratifs du continent français (départements) ont enregistré la présence du moustique (voir la carte ici). Parmi les pays de l’UE, la France enregistre le plus grand nombre d’épidémies de dengue et de cas autochtones (c’est-à-dire des cas sans antécédents de voyage deux semaines avant l’apparition de la maladie). Entre 2010 et 2021, un total de 48 cas de dengue provenant d’une transmission locale ont été enregistrés en France dans 19 événements séparés. Cependant, au cours de la saison de surveillance renforcée 2022, 65 cas de dengue provenant de transmissions locales ont été enregistrés. Il n’y a pas eu d’augmentation parallèle du nombre de cas importés. En 2022, le printemps et l’été ont été caractérisés par des températures élevées, ce qui a favorisé l’activité vectorielle et l’efficacité de la transmission du virus de la dengue (Cochet et al., 2022).

En plus des effets des températures plus chaudes pendant la saison d’activité vectorielle, la présence de zones boisées autour du lieu de résidence des cas a augmenté le risque de transmission de l’arbovirus autochtone(Jourdain et al., 2020). Tous les neuf événements de transmission locale de la dengue en 2022 ont été enregistrés dans les zones résidentielles suburbaines du sud de la France, où la densité de population relativement élevée est combinée à la présence de jardins et d’espaces verts offrant des conditions appropriées à Aedes albopictus. De plus, les moustiques sont principalement actifs pendant les heures de jour, ce qui augmente l’exposition humaine aux piqûres (Cochet et al., 2022).

Le plus grand événement de transmission de la dengue en 2022 — et le plus important jamais documenté en Europe — s’est produit dans les communes de Saint-Jeannet et de Gattières (département des Alpes - Maritimes dans le sud-est de la France), où respectivement 23 et 11 cas ont été identifiés, appartenant à une seule chaîne de transmission(Cochet et al., 2022). La répartition géographique des cas autochtones dans toute la France entre 2010 et 2022 des zones méditerranéennes à l’ouest et au nord reflète la colonisation de nouveaux territoires par Aedes albopictus, tandis que l’anomalie climatique de 2022 suggère un impact du changement climatique sur les conditions favorables à la transmission de la dengue.

Il n’existe pas de traitement antiviral spécifique ou de vaccin recommandé pour la dengue en Europe(Jourdain et al., 2020), car les vaccins disponibles conviennent à ceux qui ont déjà été infectés par la dengue, mieux adaptés aux régions où l’incidence de la dengue est plus élevée. Cela souligne la nécessité d’une surveillance et d’une prévention efficaces de la transmission des maladies.

Objectifs

L’objectif de la surveillance renforcée est de détecter les cas importés et autochtones dès que possible et de concevoir et de mettre en œuvre les interventions de santé publique afin de réduire le risque de transmission d’infection. Il s’agit notamment des objectifs suivants:

  • Sensibiliser à la fois les professionnels de la santé et le grand public;
  • La détection des cas de dengue au moyen de tests systématiques et d’une notification immédiate aux autorités sanitaires, de recherche de bases de données de grandes plateformes de laboratoires et d’enquêtes épidémiologiques;
  • Étude entomologique autour de chaque cas virémique et contrôle efficace des vecteurs;
  • Mise en œuvre de la sécurité des substances d’origine humaine (SoHO).
Options d'adaptation mises en oeuvre dans ce cas
Solutions

En France métropolitaine, depuis 2006, une stratégie nationale de prévention de la propagation du chikungunya et de la dengue en France est mise en œuvre chaque année; le virus Zika est inclus depuis 2016. Le système de surveillance combine la surveillance humaine et entomologique avec des mesures de prévention et de contrôle. Le risque est évalué en fonction de la présence du moustique et de l’apparition de cas autochtones.

La dengue est une maladie à déclaration obligatoire. Cela signifie que les cliniciens et les biologistes doivent signaler tout cas confirmé ou probable de dengue à leur agence régionale de santé. Après validation du rapport, l’Agence Régionale de Santé transmet l’information à Santé Publique France. Les données sociodémographiques, cliniques (symptômes, date d’apparition des symptômes), biologiques et épidémiologiques (voyage hors de France métropolitaine, date de retour en France métropolitaine) fournies par les personnes touchées permettent de décrire les cas, leur durée de séjour dans une zone de transmission virale et leur période de présence virale dans le sang, c’est-à-dire lavirémie (Terrain et al., 2019). En outre, les bureaux régionaux de Santé publique France examinent quotidiennement les tests diagnostiques d’arbovirus menés dans un réseau national de laboratoires afin d’identifier les cas qui n’ont pas été signalés directement par des médecins ou des laboratoires.

Chaque année, les autorités sanitaires régionales lancent la période de surveillance renforcée avec des campagnes de sensibilisation ciblant les professionnels de la santé sur le diagnostic et le signalement des cas de dengue, mais aussi de chikungunya et de Zika. Il s’agit de fournir des informations par courriel, webinaires ou communiqués de presse.

Des enquêtes épidémiologiques sont effectuées pour chaque cas, qu’il soit importé ou autochtone. Dans le cas des cas autochtones de dengue, la confirmation par le centre national de référence de l’arbovirus du premier cas de transmission locale est demandée. Elle est suivie d’une recherche active de cas par les autorités sanitaires régionales et les bureaux régionaux de Santé publique France, avec l’engagement des communes. Cela comprend des relevés porte-à-porte (dans une zone de 150 m à 250 m de rayon) et des prélèvements sanguins au bout du doigt pour les cas suspects. Cela peut couvrir jusqu’à 1000 ménages, en fonction de la densité de la population. Dans les endroits à forte densité de population, l’information peut être livrée aux boîtes aux lettres ou sous forme d’affiches dans les parties communes des immeubles d’habitation.

Les équipes entomologiques étudient les endroits où les cas de dengue virémique (importés ou autochtones) vivent ou travaillent et, si nécessaire, d’autres endroits que les personnes infectées peuvent avoir visités entre 2 et 7 jours après l’apparition des symptômes. Ces mesures de contrôle comprennent la destruction des sites de reproduction et, si nécessaire, des traitements ciblés de larvicide et/ou d’adulticide dans un périmètre de 150 à 200 mètres autour des lieux fréquentés par le cas pendant la périodeinfectieuse (Terrain et al., 2019).

Une autre étape est l’information et la sensibilisation par les autorités sanitaires régionales auprès des cliniciens, des médecins généralistes et des pharmaciens dans la zone de transmission (par courriels et appels téléphoniques) sur la prévention et le signalement de la dengue. Un communiqué de presse est publié à l’intention des résidents, informant sur le risque d’infection, les symptômes de la maladie et les mesures de contrôle qui sont prises par le gouvernement, et des conseils pratiques pour minimiser la reproduction des moustiques.

Pertinence

Cas principalement développé et mis en œuvre en raison d’autres objectifs politiques, mais avec une prise en compte significative des aspects d’adaptation au changement climatique

Détails supplémentaires

Participation des parties prenantes

La surveillance épidémiologique est assurée au niveau régional par les autorités sanitaires régionales et les bureaux régionaux de Santé publique France. Il s’appuie également sur un réseau de laboratoires effectuant des diagnostics de ces arbovirus ainsi que sur le Centre national de référence pour les arbovirus (CNR). Santé publique France coordonne cette surveillance épidémiologique au niveau national. La surveillance entomologique, ainsi que les interventions de lutte contre les moustiques, sont effectuées par les opérateurs de lutte contre les moustiques. L’engagement des praticiens de la santé individuels est essentiel pour assurer un diagnostic et un signalement appropriés de la maladie.

Facteurs de réussite et facteurs limitants

Le système français de surveillance de la dengue semble suffisamment sensible pour détecter la transmission autochtone et suffisamment efficace pour en limiter la propagation(Terrain et al., 2019; Cochet et al., 2022).

Dans un premier temps, les relevés entomologiques et les mesures de lutte contre les vecteurs ont été mis en œuvre pour chaque cas suspecté, sans attendre les résultats du laboratoire. Cependant, la majorité de ces cas suspects ont été testés négatifs pour la dengue et d’autres arbovirus, les mesures mises en œuvre n’étaient donc pas nécessaires. Pour améliorer l’efficacité, les efforts se sont concentrés sur l’accélération de la confirmation du laboratoire.

Un long délai de notification des cas importés aux autorités sanitaires locales a été identifié comme le principal moteur de la transmission autochtone de la dengue et du chikungunya dans le sud de laFrance (Jourdain et al., 2020).  Des actions visant à réduire le retard dans l’identification des cas en sensibilisant les médecins et les microbiologistes à l’importance d’une notification rapide ont été mises en œuvre en plus d’un renforcement du rattrapage en laboratoire en améliorant les délais de communication des résultats biologiques par les laboratoires privés à l’échelle nationale(Terrien et al., 2019).

Assurer la pérennité de la surveillance de la dengue française nécessite la promotion de l’implication des principales parties prenantes à travers: (I) consolidation du réseau de laboratoires déclarants; (II) sensibiliser les patients à la recherche de consultations médicales pour les maladies grippales sans symptômes respiratoires, en particulier si les patients présentent un test négatif pour la COVID-19; et iii) l’orientation des professionnels de la santé au diagnostic et à la déclaration des maladiesarbovirales (Terrain et al., 2019; Cochet et al., 2022). De plus, les activités de surveillance doivent impérativement être complétées en encourageant le grand public à réduire les sites de reproduction des moustiques et en sensibilisant les voyageurs aux moyens de prévenir les piqûres de moustiques (Terrien et al., 2019).

Les enquêtes porte-à-porte à la suite d’un cas autochtone sont généralement très appréciées par les résidents, car les équipes expliquent la situation, répondent aux questions et rassurent. Pour les campagnes de sensibilisation en cas de cas détectés de dengue autochtone, il a été constaté que le contact direct avec les professionnels de la santé fonctionnait bien. Cibler les communautés individuelles est plus efficace que les campagnes d’information au niveau NUTS 3.

Coûts et bénéfices

Aucune estimation quantitative spécifique des coûts de la dengue n’est encore disponible. Une évaluation des coûts économiques des invasions biologiques d’espèces exotiques en France — à l’aide de la base de données globale complète InvaCost — montre que la France est en tête du classement des pays européens (EEE-38) avec les coûts économiques estimés les plus élevés résultant des espècesenvahissantes (Manfrini et al., 2021). Les moustiquesAedes sont responsables de 36 % de l’ensemble des coûts, soit au moins 410 millions d’euros entre 1993 et 2018 (coûts enregistrés uniquement). Parmi les coûts totaux, les coûts pour le secteur de la santé représentent la plus grande part (25 %). La majorité des coûts (79 %) proviennent de dommages à la santé; une minorité (13 %) est associée à la lutte vectorielle(Manfrini et al., 2021).

Il n’y a pas d’estimation quantitative des avantages du système de surveillance en termes de vies sauvées et de réduction des infections. Cependant, le système de surveillance devrait réduire considérablement le risque de transmission locale de la dengue, en raison de la détection précoce des cas.

Le cadre juridique national qui régit le système de surveillance en France est composé de plusieurs lois visant à:

  • préciser le cadre d’intervention pour la prévention des maladies transmises par les moustiques (arbovirus), à savoir la dengue, le Zika, le chikungunya, la fièvre jaune, le virus du Niloccidental (instruction no DGS/VSS1/2019/258 du 12 décembre 2019)
  • réglementer les modalités des interventions, traitements et activités connexes de surveillance, de détection et d’enquête sur les maladies humaines transmises par les moustiques (Aedes, Anopheles et Culex) (arrêté du 23 juillet 2019)
  • établir l’accréditation des organismes qui peuvent mettre en œuvre une surveillance entomologique, des interventions pour la détection et la prospection d’insectes et de maladies, et le traitement (arrêté du 23 juillet 2019)
  • établir la base juridique pour la mise en œuvre des mesures de prévention des maladies à transmission vectorielle transmises par les insectes(décret 2019-258 du 29 mars 2019– application en 2020)
Temps de mise en œuvre

Le système français de surveillance des arbovirus est déployé en France continentale depuis 2006. La surveillance renforcée a été mise en œuvre entre mai et novembre depuis 2006.

Durée de vie

La surveillance renforcée est mise en œuvre chaque année entre mai et novembre, ce qui correspond à la saison des moustiques Aedes albopictus.

Informations de référence

Contacter

Clémentine Calba

Epidemiologist, Santé publique France regional office (Marseille)

calba@santepubliquefrance.fr

paca-corse@santepubliquefrance.fr

 

Amandine Cochet 

Epidemiologist, Santé publique France, regional office (Montpellier)

amandine.cochet@santepubliquefrance.fr

occitanie@santepubliquefrance.fr

 

Marie Claire Paty

Coordinator vectorborne diseases, Santé publique France (national level)

marie-claire.paty@santepubliquefrance.fr

DMI-arboviroses@santepubliquefrance.fr

 

 

Référence

Cochet, A. et al. (2022). Dengue autochtone en France métropolitaine, 2022: augmentation de l’extension géographique et de l’incidence. Eurosurveillance 27(44), 03/Nov/2022

Jourdain, F. et al. (2020). De l’importation à la transmission autochtone: moteurs de l’émergence du chikungunya et de la dengue dans une zone tempérée. PLOS Maladies tropicales négligées

Manfrini, E., et al.(2021). Les coûts économiques des invasions biologiques en France. Synthèse à l’intention des décideurs. Paris, France

Terrien, E. Et al (2019). Surveillance du chikungunya, de la dengue et du virus Zika en France métropolitaine, 2018. Bulletin épidémiologique hebdomadaire no 19-20-9 juillet 2019

Publié dans Climate-ADAPT Mar 07 2023   -   Dernière modification dans Climate-ADAPT Apr 18 2024


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