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© Jean E. Roché
La restauration de Salin-de Giraud utilise une approche de solution basée sur la nature (NBS), améliorant la résilience aux tempêtes et à l'élévation du niveau de la mer en rétablissant les fonctions hydrologiques, en rétablissant les caractéristiques de l'écosystème et en fournissant des sites de reproduction pour les oiseaux aquatiques. Les interventions comprennent le dragage de canaux, la reconnexion de plans d'eau et l'abandon des digues du front de mer.
Un vaste projet de restauration a débuté en 2011 dans l’ancienne saline de Salin-de Giraud, située au sud-est du delta du Rhône, au sein du parc naturel régional de Camargue et de la réserve de l’homme et de la biosphère de l’UNESCO. Ce site représente une vaste zone côtière de 6 500 ha dans les communes d'Arles et des Saintes-Maries-de-la-Mer, partiellement transformée et utilisée pour la production industrielle de sel de 1950 à 2008. Il se caractérisait par une forte artificialisation, avec des digues en bord de mer et une déconnexion entre les différentes masses d'eau utilisées comme étangs pour l'extraction du sel. Après l’acquisition de la zone par l’autorité côtière française (Conservatoiredu littoral), un changement fondamental dans la vocation dusite, de la production de sel à la restauration des zones humides, a guidé la nouvelle stratégie de gestion, transformant les salines en formant une zone tampon pour atténuer les effets des tempêtes et l’élévation du niveau de la mer.
Le principal objectif des travaux, toujours en cours, est la restauration des caractéristiques naturelles et des processus de l’écosystème afin d’assurer la connectivité entre les différentes masses d’eau, d’accroître la résilience naturelle et de réduire les effets du changement climatique et les risques de catastrophes naturelles. Les interventions ont été mises en œuvre selon l'approche de la solution basée sur la nature (NBS) et comprenaient la restauration des débits d'eau gravitationnels et l'abandon des digues en bord de mer conduisant à la création d'un littoral naturel. Des effets positifs ont déjà été détectés, d'un point de vue environnemental, social et économique. Les travaux de restauration ont également créé un nouvel espace pour les activités récréatives et ont permis le développement des connaissances dans le domaine de la dynamique et de la gestion côtières.
Description de l'étude de cas
Défis
Environ 70% du delta de la Camargue est situé à une altitude inférieure à 1m, de sorte que la région est extrêmement vulnérable aux inondations. Depuis les années 1860, le delta du Rhône a été presque achevé polderized en raison de la construction de digues historiquement construites pour empêcher la zone côtière d'inondations. Cela a entraîné une forte réduction des apports de sédiments du Rhône, affectant la formation des dunes et accélérant l'érosion côtière. En outre, la région de Salin-de-Giraud a subi une transformation intensive au cours de la période de production industrielle de sel (avec des transformations majeures entre 1950 et 1970), avec la création de bassins d'évaporation et de cristallisation pour l'extraction du sel. La dynamique de l'eau et les conditions écologiques ont été gravement altérées: Les plans d'eau utilisés pour l'extraction du sel ont été déconnectés des sous-bassins hydrographiques environnants, les digues le long de la côte ont permis un contrôle artificiel complet des surtensions d'eau de mer et l'eau de mer a été pompée artificiellement au printemps et en été.
Les principaux défis après l'acquisition du site par le Conservatoire du Littoral étaient donc liés à un changement fondamental dans la vocation du site, de la production de sel à la conservation des zones humides en passant par une gestion adaptative et une approche NBS.
Selon une étude réalisée en 2018 par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), la Camargue devrait être progressivement plus vulnérable aux risques d'érosion côtière et de submersion marine dus au changement climatique. Les élévations extrêmes du niveau de la mer, définies comme des ondes de tempête sur 100 ans, dans le scénario régionalisé d’élévation du niveau de la mer haut de gamme (projection du 95e percentile du RCP 8,5) sont projetées entre 1,6 et 1,8 m d’ici 2100, selon une étude évaluant le risque d’inondation pour les sites méditerranéens classés au patrimoine mondial de l’UNESCO. Des modèles de submersion d'eau de mer liés à des événements extrêmes et à l'élévation projetée du niveau de la mer ont été réalisés par le BRGM à l'aide d'images LIDAR. Les modèles ont servi à orienter la stratégie de gestion et le processus de réduction des risques de catastrophe.
Contexte politique de la mesure d’adaptation
Case mainly developed and implemented because of other policy objectives, but with significant consideration of climate change adaptation aspects.
Objectifs de la mesure d'adaptation
Les objectifs de gestion suivants ont été fixés pour le projet de restauration de l'ancienne saline de Camargue:
- restaurer le fonctionnement hydrologique naturel du système, en reconnectant le site avec les masses d’eau environnantes (lagunes intérieures, Rhône et Méditerranée);
- restaurer les caractéristiques des écosystèmes naturels des lagunes côtières et du littoral sablonneux, y compris les dunes, la végétation salée et les marais salants;
- Maintenir ou augmenter le fonctionnement du site en tant que site de reproduction pour les oiseaux aquatiques;
- Mettre en œuvre une gestion adaptative pour protéger la côte contre les tempêtes et l'élévation du niveau de la mer;
- Contribuer au développement durable, y compris le développement de l'écotourisme et des activités récréatives.
Dans l’ensemble, les travaux ont été réalisés afin de restaurer les caractéristiques naturelles et la résilience de l’écosystème afin de promouvoir une stratégie d’«espace d’hébergement» face au changement climatique et aux risques accrus de catastrophes naturelles.
Options d'adaptation mises en œuvre dans ce cas
Solutions
Le processus de restauration a été mis en place par le Parc Naturel Régional de Camargue (gestionnaire coordinateur) en partenariat avec l'Institut de Recherche de la Tour du Valat et la Société Nationale de Protection de la Nature (cogestionnaires) sous l'égide du Conservatoire du Littoral (propriétaire).
Le pompage artificiel de l'eau de mer dans les bassins d'évaporation utilisés pour l'extraction du sel a été arrêté et un vaste plan d'activités a été défini et a commencé à être mis en œuvre pour rétablir les débits d'eau gravitationnels et d'autres processus naturels. Les principaux travaux comprennent: (i) le dragage des chenaux, (ii) la construction de nouvelles connexions et la réhabilitation des connexions existantes entre les anciennes salines et les écosystèmes saumâtres et d’eau douce environnants, et (iii) l’abandon des digues en bord de mer permettant à l’eau de circuler librement entre les lagunes des anciennes salines et la mer Méditerranée. De plus, la digue construite en 1859 pour protéger les personnes et les biens, située plus à l'intérieur des terres, sera adaptée pour assurer la protection contre les inondations dans le delta du Rhône.
Ces ouvrages hydrauliques permettent la reconnexion de l'ancien hydrosystème salin aux lagunes situées dans la réserve naturelle voisine de Camargue et à la mer. La reconnexion des masses d'eau conduit à remodeler les voies d'eau de manière naturelle, selon une approche NBS. Les sols nouvellement émergés et les cours d’eau restaurés deviennent de «nouveaux» habitats pour la végétation, les poissons, les oiseaux et d’autres populations d’animaux sauvages. Suivant cette approche, l'écosystème côtier devrait devenir plus résilient pour mieux faire face aux impacts de l'élévation du niveau de la mer et des tempêtes de mer, y compris les inondations associées.
Les travaux sont toujours en cours; les actions prévues pour le prochain avenir comprennent: (i) poursuite de l'adaptation des digues de protection intérieure, en modifiant leur emplacement; (ii) la poursuite des travaux de restauration hydraulique et (iii) la création de pistes cyclables pour le tourisme durable et les activités récréatives. De nouveaux modèles pour affiner l'analyse du risque de submersion en fonction du développement de nouvelles connaissances sur l'élévation du niveau de la mer devraient guider ces actions à l'avenir.
Une surveillance environnementale est en cours pour évaluer la dynamique hydrologique et écologique du site et sera maintenue pour évaluer l'efficacité des nouveaux ouvrages hydrauliques prévus dans un avenir proche. Il s'agira notamment d'évaluer les fonctions hydrologiques et climatiques tampons des écosystèmes restaurés, ainsi que les tendances de certains indicateurs de biodiversité tels que la présence et la répartition des espèces de poissons migrateurs.
Détails supplémentaires
Participation des parties prenantes
Un dialogue avec les acteurs locaux et les habitants du village voisin de Salin de Giraud a été établi afin d'accroître la sensibilisation et l'acceptation de la communauté locale. Des réunions publiques, des visites guidées, des expositions de photos et des ateliers ont été organisés, avec la production de panneaux d'information, de brochures et de vidéos pour informer correctement la population, sensibiliser davantage à la question du changement climatique et partager les choix de gestion.
Facteurs de réussite et facteurs limitants
Plusieurs facteurs de succès ont favorisé la réalisation des travaux de restauration, en particulier parce qu'ils ont été considérés comme bénéfiques par la communauté environnementale (renaturalisation de l'écosystème), la communauté scientifique (développement des connaissances) et la société dans son ensemble (zone tampon atténuant les effets des tempêtes et de l'élévation du niveau de la mer et nouvelle zone pour les activités récréatives). La possibilité d'économiser des fonds publics, en investissant dans une intervention moins coûteuse par rapport à l'entretien des digues de front de mer, a certainement encouragé l'adoption de cette approche.
Même si plusieurs initiatives visant à informer la communauté locale ont été organisées, la mise en œuvre du projet de restauration a rencontré une certaine résistance de la part des habitants qui ont eu du mal à accepter l'abandon de la digue du front de mer. Un besoin d'améliorer la communication et la collaboration avec la communauté voisine pour accroître l'acceptation de poursuivre les travaux, a clairement émergé.
En outre, plusieurs incertitudes quant à la réponse de l'écosystème aux interventions de restauration existent en raison d'une compréhension encore limitée des impacts de l'élévation du niveau de la mer sur les zones humides. La surveillance environnementale du site, actuellement en cours, contribue à améliorer les connaissances existantes sur le fonctionnement de l'écosystème, appuyant l'efficacité de l'approche de la SNB. Des projections plus réalistes de la réponse des zones humides aux changements climatiques pourraient aider à concevoir de futures mesures de gestion efficaces.
Coûts et avantages
Du point de vue économique, la nouvelle stratégie de gestion a été considérée comme une option moins coûteuse que l'entretien intégral des digues du front de mer. Un investissement de 7 à 13 millions d'euros, plus 80 K€ à 140 K€ pour l'entretien annuel a été estimé afin de maintenir et d'adapter le système de digue de protection intérieure (extension linéaire d'environ 16 km). Le coût des travaux de rebranchement hydraulique a été estimé à moins de 1,5 million d'euros.
Les avantages de la restauration ont été évalués du point de vue environnemental, social et économique. Du point de vue écologique, les résultats de la surveillance indiquent un meilleur fonctionnement des lagunes côtières restaurées et des écosystèmes marécageux: succession réussie de la végétation des marais salants, communauté saine d'invertébrés benthiques et couverture de macrophytes submergés dans les lagunes, amélioration de la connectivité hydrobiologique entre les plans d'eau ayant un rôle potentiellement nourricier et voie migratoire pour les espèces de poissons. Du point de vue social, la zone restaurée offre des possibilités de loisirs à la communauté locale et aux touristes qui peuvent accéder librement à certaines parties du site, avec une valeur esthétique et paysagère accrue du delta du Rhône. Le projet a également permis de développer de nouvelles connaissances scientifiques sur la dynamique des zones humides côtières. Les avantages économiques de la restauration écologique comprennent non seulement une réduction importante de l'utilisation des fonds publics pour la protection contre les risques d'inondation, mais aussi la fourniture de multiples services écosystémiques offerts par les zones humides restaurées, y compris ceux liés aux activités touristiques et récréatives susmentionnées.
Aspects juridiques
Les travaux d’ingénierie nécessaires à la restauration hydraulique du site devaient être déclarés ou autorisés après une simple évaluation des incidences sur l’environnement afin de se conformer aux directives-cadres Natura 2000 et sur l’eau de l’UE.
Le projet de restauration côtière est pleinement conforme aux orientations adoptées par la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) des Bouches-du-Rhône, autorité en charge de la gestion des risques de submersion marine en Camargue. La stratégie consiste à permettre à la ligne côtière de se déplacer librement avec la formation naturelle de barres de sable, tout en maintenant et en renforçant les infrastructures existantes pour protéger les personnes et les biens plus à l'intérieur des terres.
Délai de mise en œuvre
Les travaux de restauration ont commencé en 2011 après que le Conservatoire du littoral est devenu propriétaire du site et ils sont toujours en cours. De nouveaux programmes de restauration hydraulique devraient débuter d'ici 2022 sur la base de l'étude de faisabilité actuelle, afin d'améliorer la gestion de l'eau douce à la périphérie du site.
Durée de vie
La restauration est un projet à long terme considéré comme un processus continu et adaptatif en réponse à l'évolution de la dynamique côtière et à l'élévation du niveau de la mer. La surveillance et la maintenance font partie intégrante de ce processus.
Informations de référence
Contact
Brigitte Poulin
Head of Ecosystem Department
Tour du Valat, Research Institute for the Conservation of Mediterranean Wetlands
E-mail: poulin@tourduvalat.org
Tel. +33 (0)4 90972975
Sites Web
Références
Publié dans Climat-ADAPT: Nov 22, 2022
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Documents d'études de cas (1)
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