Agroforesterie: L'agriculture du futur? Le cas de Montpellier

Montpellier est une ville dans le sud de la France. Il est situé sur un terrain vallonné à 10 kilomètres à l'intérieur des terres de la côte méditerranéenne sur la rivière Lez. Montpellier a un climat méditerranéen (Köppen Csa), avec des hivers doux, un peu humides, et des étés très chauds, plutôt secs. Les températures moyennes mensuelles varient de 7,1 °C (44,8 °F) en janvier à 23,4 °C (74,1 °F) en juillet. Les précipitations annuelles sont d'environ 660 millimètres, et sont les plus élevées en automne et en hiver, mais pas absentes en été. Comme le prévoient plusieurs études, le changement climatique devrait avoir un impact sur le secteur agricole en raison de sécheresses plus fréquentes et d'une augmentation de la température. Pour faire face à ces impacts, il est urgent que l'agriculture montpelliéraine prenne des mesures d'adaptation appropriées. Le défi consiste à rendre la production alimentaire plus efficace, durable et capable de faire face aux effets prévus du changement climatique.

L'objectif est de rendre les systèmes agricoles montpelliérains plus résistants aux effets du changement climatique, tels que l'augmentation des températures, les sécheresses, les stress hydriques et biotiques et les événements plus extrêmes.

L'agroforesterie est la combinaison d'arbres et de cultures. Le dispositif agroforestier adopté à Montpellier, dans le cadre du projet SAFE, est une combinaison de noyers et de culture du blé. L'agroforesterie offre une option d'utilisation des terres différente de celle des systèmes arables et forestiers traditionnels séparés et optimise les avantages des interactions biologiques créées lorsque les arbres et les cultures sont combinés. La complémentarité entre les arbres et les cultures permet une exploitation plus efficace des ressources disponibles. L'agroforesterie contribue à mieux contrôler l'érosion des sols et augmente la durabilité et la résilience de l'agriculture. C'est une pratique qui respecte l'environnement et qui présente un avantage évident pour le paysage. La parcelle agroforestière reste productive pour l'agriculteur et génère des revenus continus, ce qui n'est pas le cas lorsque les terres arables sont exclusivement reboisées. L'agroforesterie permet alors de diversifier l'activité agricole et de mieux utiliser les ressources environnementales. En outre, au fil du temps, les exploitations agroforestières peuvent devenir moins dépendantes des subventions aux cultures et moins sensibles aux variations des prix des cultures, car le bois génère une part importante de leurs revenus. La valeur d'agrément des parcs sylvoarables dans un proche avenir pourrait également être un atout précieux pour les entreprises agricoles.

Plusieurs organisations de parties prenantes de France, des Pays-Bas et de Grèce ont participé au projet SAFE. En France, l'APCA (chambre nationale de l'agriculture en France) a été responsable de la mise en place d'un réseau de parcelles de démonstration du système agroforestier qui est aujourd'hui un outil très efficace pour l'extension de l'agroforesterie. La plupart des organisations de parties prenantes impliquées dans le projet SAFE ont été impliquées dans la coordination d'autres projets d'agroforesterie de R&D en Espagne, en Allemagne, en Angleterre, en Belgique et aux Pays-Bas.

Le projet SAFE a fourni des modèles et des bases de données pour évaluer la rentabilité des systèmes sylvoarables, et a suggéré des lignes directrices pour la mise en œuvre de l'agroforesterie. En particulier, SAFE a développé des outils biophysiques et socio-économiques pour informer les agriculteurs et les décideurs politiques du potentiel de l'agroforesterie sylvicole pour contribuer au développement intégré et durable des zones rurales européennes. Les connaissances acquises dans le cadre du projet SAFE ont permis aux agriculteurs d'améliorer leur compétitivité.

Les systèmes agroforestiers sont généralement des systèmes rentables. Ce qui est coûteux, c'est la transition agroforestière, qui prend du temps et qui doit être soutenue. Les programmes agroforestiers sont un investissement à long terme. Il faut un certain temps jusqu'à ce que les arbres mûrissent et fournissent les fonctions et les avantages attendus.

Les principaux avantages peuvent être résumés comme suit:

• L'INRA a montré que la production d'un hectare d'un mélange de noix et de blé est la même que pour 1,4 hectare avec des arbres et des cultures séparés (ce qui correspond à une augmentation de 40 % de la productivité).
• L'agroforesterie est moins vulnérable au changement climatique. Les arbres fournissent un abri aux cultures et réduisent les dommages causés par les températures printanières élevées.
• La biodiversité est accrue car elle crée un habitat diversifié où les espèces sauvages peuvent vivre. Il agit également dans la lutte contre les ravageurs et l'amélioration de la pollinisation.
• Les agriculteurs peuvent diversifier leurs produits, augmenter leurs revenus et améliorer la qualité des sols et de l'eau, réduire l'érosion (par le vent) et prévenir les dommages causés par les inondations. La qualité du sol et de l'eau est améliorée, empêchant ainsi l'érosion.
• L'agroforesterie joue un rôle dans l'entretien des terres pour les générations futures.
• Des systèmes agroforestiers correctement conçus et gérés peuvent contribuer à accroître la séquestration du carbone atmosphérique, à améliorer la qualité des sols et leur conservation.

L’agroforesterie est définie à l’article 23 du règlement (UE) no 1305/2013 de la PAC (2014-2020). Il existe 23 mesures du programme de développement rural (PDR) qui peuvent soutenir l’agroforesterie sur les terres agricoles ou forestières.

A Montpellier, le dispositif agroforestier est mis en œuvre depuis 20 ans.

L'agroforesterie est une mesure d'adaptation à long terme.

Christian Dupraz
Institut Nantional de la Recherche Agronomique (INRA) - SYSTEM
Montpellier, France
E-mail: christian.dupraz@inra.fr

Projet SAFE: Agroforesterie silvoarable pour l'Europe