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Études de cas

Stratégie d’adaptation au changement climatique pour la région de Grimsel dans les Alpes suisses

Stratégie d’adaptation au changement climatique pour la région de Grimsel dans les Alpes suisses

Les colonies, les infrastructures, l’utilisation des terres et les liaisons routières dans la région de Grimsel, dans le sud de la Suisse, sont fortement exposées aux risques liés à des phénomènes de risques naturels hydrologiques et gravitationnels, tels que la chute de roches, les coulées de boue, les glissements de terrain, les avalanches et les inondations favorisées par la sédimentation des débris. Le dégel du pergélisol, le recul des glaciers et les fortes précipitations plus fréquentes dues au changement climatique devraient encore diminuer la stabilité des pentes et augmenter la probabilité de mouvements de masse. La région de Grimsel est située dans le canton de Berne au nord des Alpes bernoises et comprend les deux communes de haute montagne de Guttannen et Innertkirchen.

Pour faire face aux défis futurs résultant des effets combinés des aléas naturels induits par le climat qui se rencontrent sur les vulnérabilités socio-économiques préexistantes, les acteurs régionaux se sont engagés dans un processus participatif structuré (2014-2016) et ont élaboré la «Stratégie d’adaptation au changement climatique pour l’espace Grimsel» dans le cadre d’un programme de financement fédéral suisse. La portée thématique de la formulation de la stratégie s’est progressivement élargie et est passée d’une attention particulière à la gestion des risques naturels à des perspectives plus larges d’un développement régional résilient au climat. Le document de stratégie final définit six mesures concrètes, dont une a déjà été mise en pratique en 2016: la gouvernance de la mise en œuvre de la stratégie a été institutionnalisée par la création d’un groupe directeur chargé de la coordination et du suivi. D’ici la fin de 2018, la mise en œuvre de nouvelles mesures présente un tableau mitigé, l’état de la mise en œuvre allant de finalisé à en cours jusqu’à faire face à des difficultés.

Description de l'étude de cas

Défis

La «stratégie d’adaptation au changement climatique pour la zone Grimsel» répond aux défis résultant de la combinaison i) des impacts du changement climatique sur les potentiels de danger naturel et ii) des vulnérabilités socio-économiques et socioculturelles préexistantes.

La région de Grimsel est caractérisée par une forte exposition à des processus de risques gravitationnels et hydrologiques, tels que la chute de roches, les coulées de boue, les processus torrentiels, les glissements de terrain, les avalanches et les inondations par aggradation. En raison du dégel du pergélisol et du recul des glaciers, différentes parties de la région ont été touchées par des catastrophes naturelles majeures impliquant des mouvements de masse sur une base annuelle et de plus en plus au cours des dernières années. En raison de l’élévation de la ligne de pergélisol induite par la température, de la mobilisation des débris à la suite de l’ablation des glaciers, de la probabilité croissante de fortes précipitations et de la montée de la ligne de neige, on s’attend à ce que les grands événements de mouvements de masse deviennent plus probables également au cours de l’été à l’avenir.

La température moyenne annuelle en Suisse a déjà augmenté de 2,0 °C entre 1864 et 2017, contre 0,9 °C dans le monde (CH2018, 2018). Selon les scénarios climatiques les plus récents pour la Suisse 2018 (CH2018, 2018), jusqu’à la fin du 21e siècle, la température moyenne annuelle sur l’ensemble de la Suisse pourrait augmenter jusqu’à 6,9 °C depuis l’ère préindustrielle (5,4 °C par rapport à la période de référence 1981-2010) pour le scénario d’émissions inchangée RCP8.5. Pour le scénario d’atténuation conforme à 2 °C RCP2.6, le réchauffement se situera probablement entre 2,1 et 3,4 °C au-dessus des niveaux préindustriels (0,6-1,9 °C par rapport à la période 1981-2010). Un réchauffement encore plus fort devrait se produire pendant la saison estivale. À long terme, les changements climatiques non atténués (RCP8.5) entraîneront probablement une diminution des précipitations moyennes sur la Suisse pendant l’été et une augmentation pendant l’hiver. Selon la région, l’augmentation médiane prévue des précipitations hivernales d’ici 2100 varie de + 12 % à + 22 %, et la diminution médiane des précipitations estivales varie de -10 % à -24 %. On estime que dans le scénario RCP8.5, le niveau zéro augmentera de 700 à 1050 mètres en hiver (par rapport à 1981-2010). Cela se traduira par une diminution probable des chutes de neige de plus de -50 % et une diminution de la couverture neigeuse moyenne hivernale de -80 % aux basses altitudes. Il existe des preuves solides qu’il y aura des épisodes de fortes précipitations plus fréquents et intenses, en particulier au cours de la moitié d’hiver, avec les intensités d’événements de pointe montrant les changements les plus importants: en ce qui concerne le RCP8.5, les précipitations pendant les fortes précipitations d’un jour, avec des intervalles de retour de 100 ans, devraient augmenter de 10 à 25 % jusqu’en 2100. Les effets combinés de l’augmentation des précipitations hivernales, d’une part croissante des précipitations au lieu de la neige et de l’intensification des précipitations extrêmes auront de graves répercussions sur le risque d’inondation et d’autres processus de danger naturel.

L’analyse nationale suisse des risques et des opportunités liés au climat (Köllneret al., 2017) a identifié la fréquence croissante et/ou l’extension spatiale des mouvements de masse en raison du retrait des glaciers et du dégel du pergélisol, y compris dans des zones qui n’étaient pas touchées auparavant, comme un risque prioritaire de changement climatique pour plusieurs régions suisses, dont les Alpes suisses. En l’absence de mesures d’adaptation, la diminution de la stabilité des pentes et les mouvements de masse plus fréquents sont susceptibles d’accroître le risque de dommages aux vies humaines et aux biens matériels (bâtiments, infrastructures, dommages indirects, diminution des capacités de stockage des réservoirs d’eau) dans une large mesure.

Dans la région de Grimsel, la forte pression actuelle causée par les coulées de boue et les inondations locales dans certaines parties des territoires municipaux a joué un rôle important dans l’élaboration de la stratégie d’adaptation au changement climatique. Dans leur évaluation des défis futurs, les intervenants participants ont conclu que les menaces causées par une série de dangers hydro-gravitationnels sont susceptibles d’augmenter dans des conditions de progression du changement climatique, y compris une extension des périodes sujettes aux dangers jusqu’à la saison estivale (Bender-Gàl et al., 2016). Les risques qui en résultent affectent directement la seule route cantonale, qui est la principale liaison de transport public à l’intérieur et à l’extérieur de la région, le réseau routier secondaire, les bâtiments et les localités, les infrastructures d’approvisionnement (eau potable, lignes électriques, télécommunications) et les installations liées à la production hydroélectrique, qui constitue un atout économique majeur de la région.

Les impacts du changement climatique sur les risques naturels sont étroitement liés aux multiples questions de développement régional dans cette zone rurale périphérique. Les risques croissants liés aux risques naturels se chevauchent et interagissent avec d’autres pressions externes et les tendances socio-économiques en vigueur dans la région, ce qui les exacerbe souvent. Ces facteurs non climatiques comprennent: évolution démographique (émigration rurale, vieillissement de la population); les limitations au développement des colonies en raison des conditions naturelles; des capacités financières publiques limitées pour les mesures de protection structurelle; altération des perceptions des risques de la population (affectant la qualité de vie perçue); dépendance de l’attractivité pour le tourisme et des niveaux d’emploi à l’égard de la continuité de la liaison routière. Les aléas naturels liés au climat influencent ces facteurs de développement régional en affectant trois conditions essentielles du développement régional durable et en menaçant leur équilibre nécessaire, à savoir: I) connectivité des transports et fiabilité des infrastructures publiques, ii) sécurité et iii) qualité de vie.

Objectifs

Dans le cadre du pôle thématique «Copage avec les risques naturels», l’élaboration de la «Stratégie d’adaptation au climat pour la région Grimsel» a été l’un des 31 projets pilotes financés par la première phase de financement (2013-2017) du programme pilote fédéral suisse d’adaptation au changement climatique. Ce programme soutient la mise en œuvre de la stratégie nationale suisse d’adaptation (Conseil fédéral, 2012) en apportant un soutien financier à des projets innovants et exemplaires sur l’adaptation au changement climatique dans les cantons, les régions et les communes.

Le projet pilote dans la zone Grimsel visait à sensibiliser les acteurs régionaux aux conséquences du changement climatique et à promouvoir la coopération entre les acteurs concernés à travers les niveaux et les secteurs. Les objectifs concrets étaient d’identifier les options d’adaptation, d’élaborer une stratégie sous-régionale d’adaptation à long terme pour faire face aux risques naturels de manière coordonnée, et d’obtenir l’engagement des acteurs dans sa mise en œuvre.

Le document de stratégie s’articule autour de quatre orientations stratégiques pour un développement régional durable dans des conditions de changement climatique: I) l’accès au transport, ii) la qualité de vie, iii) la sécurité, et iv) la communication. Pour ceux-ci, les objectifs suivants ont été définis (Bender-Gàl et al., 2016):

  1. Infrastructures de transport: Une accessibilité adéquate est assurée, compte tenu des aspects coûts-avantages, tandis que différentes qualités d’accès au trafic sont possibles pour différents tronçons routiers.
  2. Qualité de vie: L’utilisation optimale des potentiels de la région reste possible malgré le changement climatique. La tendance à l’émigration ne s’intensifiera pas malgré les effets du changement climatique et ses conséquences sur la qualité de vie seront atténuées.
  3. Sécurité: Vivre dans les municipalités reste en sécurité et les habitants ont un bon sentiment de sécurité. Les risques pour les personnes et la valeur des biens sont minimisés.
  4. Communication: La communication à l’intérieur et à propos de la région est facilement compréhensible, bien ciblée, adaptée aux besoins de chaque niveau de prise de décision, régulière, se déroulant au bon moment et par des canaux de communication clairement convenus.

En outre, la stratégie identifie cinq domaines d’intérêt et définit des objectifs qualitatifs visant un développement régional résilient et durable pour chacun d’eux.

Solutions

La «stratégie d’adaptation au climat pour la région de Grimsel» (Bender-Gàl et al., 2016) reconnaît que les risques croissants dus au changement climatique et à d’autres développements sociaux en cours sont étroitement liés. Il aborde ainsi l’adaptation au changement climatique et le développement régional durable de manièrecouplée (Steinemann et al., 2017). En conséquence, les domaines d’action de la stratégie sont en partie directement liés aux processus de catastrophes naturelles liés au climat et visent également les influences non climatiques sur le développement régional plus large. La stratégie vise donc à assurer un développement régional résilient au changement climatique dans un contexte de gestion des risques et des risques naturels.

Sur la base de l’évaluation du statu quo, des changements attendus, des défis futurs qui en découlent et des possibilités potentielles, le document de stratégie (Bender-Gàl et al., 2016) définit les orientations stratégiques et les cinq domaines d’intérêt suivants: a) les bâtiments, les établissements et les installations; B) les routes et les infrastructures cantonales; c) le tourisme; (d) l’emploi et le développement économique; et e) la vie villageoise, les aspects socioculturels et le paysage. Pour chacun des domaines d’intérêt, les domaines d’action potentiels sont identifiés, évalués et hiérarchisés, ce qui aboutit à un portefeuille de six mesures concrètes. Celles-ci sont définies de manière opérationnelle, y compris les responsabilités, les étapes de travail, les indicateurs de progrès, etc. Les mesures sont de type et d’adresse différents: les cadres institutionnels, l’amélioration de la base de connaissances, le développement des colonies, la communication, le marketing et les contributions à une solution technique. Les mesures suivantes ont été définies:

  • Création d’un comité directeur pour la «Stratégie d’adaptation au changement climatique pour la zone Grimsel»: Constituer un groupe de pilotage et définir ses tâches et son mandat afin d’assurer la mise en œuvre, le suivi et l’avancement des mesures.
  • Conversion de biens immobiliers inutilisés à des fins résidentielles (municipalité Guttannen, hameau Boden): Créer de nouveaux espaces de logement, attirer de nouveaux résidents et promouvoir le développement d’établissements orientés vers l’intérieur, afin d’assurer la vie sociale et culturelle des villages et de préserver l’attractivité de la zone en tant qu’espace de vie malgré les adversités du changement climatique. La mesure répond aux pertes perçues de sécurité et de qualité de vie dues aux risques naturels induits par le climat et vise à contrer la migration provoquée par l’évolution de la perception des risques de la population.
  • Améliorer l’échange de données et d’informations sur les dangers naturels: Mettre en place une infrastructure et des procédures pour l’échange et le traitement de données et d’informations sur les risques naturels provenant de diverses sources et pour les mettre à la disposition des experts et du public. Cela aidera les acteurs régionaux à faire face aux risques.
  • Préparation d’une éventuelle nouvelle liaison ferroviaire: La mesure vise à contribuer à la récente discussion politique sur les projets de construction d’un nouveau chemin de fer à voie étroite, combiné à une ligne électrique à haute tension, dans un tunnel de 20 km de long passant nord-sud sous le col Grimsel. Le projet propose une alternative «imperméable au climat» à la route cantonale sujette aux risques. Les incidences éventuelles du projet sur la région et son exposition aux dangers naturels doivent être évaluées et prises en compte dans la prise de décision.
  • Amélioration de la communication de crise pour le tourisme: L’élaboration et la mise en œuvre d’un concept de communication sur mesure afin de transmettre aux groupes d’utilisateurs touristiques des informations plus opportunes, précises et efficaces sur la survenance d’événements dangereux.
  • Commercialisation de l’environnement naturel et des processus dynamiques: Développer des produits touristiques qui commercialisent le paysage et l’environnement naturel comme atouts régionaux. Cela contribuera également à sensibiliser les invités aux processus de danger naturel et à mieux comprendre les mesures d’urgence telles que les fermetures de routes.

Mesure d’exécution 1), la stratégie a été structurellement ancrée dans la région en mettant en place le groupe de pilotage dès 2016. Le groupe directeur fait partie d’un dispositif de gouvernance nouvellement créé pour la mise en œuvre de la stratégie qui s’appuie sur les structures institutionnelles existantes dans la région et combine la coordination centrale et les responsabilités décentralisées. Elle est composée d’institutions importantes qui ont participé à l’élaboration de la stratégie et présidées par le Regionalkonferenz Oberland-Ost, une institution chargée de coordonner la politique régionale et agissant à l’interface des autorités municipales, cantonales et fédérales. Les acteurs participant à l’élaboration de la stratégie se sont engagés à mettre en œuvre la stratégie en signant une déclaration d’intention.

D’ici la fin de 2018, la mise en œuvre de nouvelles mesures présente un tableau mitigé, l’état de la mise en œuvre allant de finalisé à en cours jusqu’à faire face à des difficultés: La valorisation touristique des processus d’aléa naturel (mesure 6) fonctionne avec succès et apporte des cours universitaires, des excursions scientifiques et des visites d’étude de visiteurs d’aussi loin que d’autres continents dans la région. L’amélioration de l’échange de données sur les risques naturels (mesure 3) entre les principaux opérateurs d’infrastructures de la région progresse très bien et a donné des résultats substantiels, par exemple en ce qui concerne la réparation des structures de surveillance redondantes, l’utilisation commune des bases de données gérées par des opérateurs uniques et l’acquisition conjointe de nouveaux systèmes de surveillance. L’ensemble des arguments relatifs aux plans d’une nouvelle liaison ferroviaire (mesure 4) a été préparé et communiqué aux décideurs responsables, mais en raison des décisions politiques du niveau fédéral, le projet de construction a été reporté à un stade ultérieur. La poursuite des mesures 2) et 5) est actuellement retardée ou suspendue parce que les conditions-cadres cruciales ont changé (nouvelle administration municipale, changement personnel chez l’acteur responsable de la mesure).

Pertinence

Cas développé et mis en œuvre en tant que mesure d’adaptation au changement climatique.

Détails supplémentaires

Participation des parties prenantes

La «Stratégie d’adaptation au climat pour la région Grimsel» a été développée dans le cadre d’un processus participatif courant de 2014 à 2016. La participation de toutes les parties prenantes concernées et la large représentation des acteurs institutionnels importants au sein du groupe de travail ont été identifiées comme un facteur clé de réussite duprojet (Steinemann et al., 2016). Avant tout, le processus de participation a réussi à réunir des acteurs sectoriels de différents niveaux qui ont jusqu’alors poursuivi des stratégies de gestion des risques séparées de manière assez fragmentée. L’organisation du processus était composée de la gestion du projet, du groupe de travail, d’un expert externe sous-traité et de l’Office fédéral de l’environnement (OFEN) en tant que coordinateur du programme de financement. L’équipe de gestion des processus était dirigée par le Regionalkonferenz Oberland-Ost, qui était également l’organe d’exécution du projet, et comprenait des représentants du bureau d’ingénierie de l’administration cantonale (Oberingenieurkreis I) et d’une commune. Parmi les autres partenaires représentés au sein du groupe de travail figuraient toutes les municipalités, les bureaux cantonaux concernés et les acteurs publics et privés représentant les secteurs clés régionaux de l’énergie, des infrastructures de transport, du tourisme et de l’agriculture. Un consultant externe était responsable du pilotage des processus, de la facilitation des réunions et des conseils d’experts. Un agent chargé de l’adaptation au changement climatique de l’organisme de financement FOEN a fourni des conseils et une expertise supplémentaires.

La stratégie a été élaborée dans le cadre d’un processus d’atelier, qui a été structuré en cinq phases. Commençant par un événement de lancement en mai 2014 et se terminant par un événement de clôture en janvier 2016, au total six ateliers ont été organisés. Ils ont servi à identifier et à délibérer sur les besoins et les perceptions des problèmes des acteurs, les interdépendances systémiques, les besoins et les options d’action, les conflits possibles, la conception de stratégies, les priorités et les orientations stratégiques, les objectifs communs et les mesures concrètes. Les ateliers ont été préparés et post-traités au moyen de documents d’information, qui ont été progressivement développés dans le document de stratégie final.

Les entretiens exploratoires bilatéraux, en particulier avant le premier atelier, se sont révélés très utiles pour clarifier la situation réelle du problème et structurer la discussion au cours des ateliers. Dans une certaine mesure, ces entretiens ont complété les ateliers, dans le cas où des ressources limitées en temps ne permettaient pas à tous les participants d’exprimer pleinement toutes leurs préoccupations. Le format «café mondial» s’est avéré une méthode particulièrement appropriée pour faciliter la discussion en petits groupes au sein des ateliers. La participation active au processus et l’identification positive de ses résultats ont été encouragées en invitant les participants à apporter des contributions, par exemple sur la vision future de leur groupe d’intérêt, et en leur attribuant la responsabilité de l’élaboration des mesures.

Le processus de participation des parties prenantes a été crucial pour parvenir à un équilibre approprié des mesures dans le domaine du stress qui couvre les objectifs stratégiques. Il s’agissait d’équilibrer les niveaux de risque acceptables avec des niveaux adéquats de sécurité, d’accessibilité et de qualité de vie. Dans leurs leçons apprises (Steinemannet al., 2016),les gestionnaires de processus concluent que les faits scientifiques ne suffisent pas à eux seuls à prendre des jugements connexes, mais qu’il est nécessaire de développer des positions communes en échangeant des points de vue différents et des perceptions problématiques dans un processus de délibération collective.

Facteurs de réussite et facteurs limitants

La «Stratégie d’adaptation au climat pour la région Grimsel» est considérée comme un succès et un projet de «bonnes pratiques» par les coordinateurs du programme pilote suisse pour l’adaptation au changement climatique(FOEN, 2017). Il fait partie de la minorité de projets pilotes qui sont allés au-delà de l’amélioration de la base de connaissances ou de l’élaboration d’outils de soutien et ont procédé à l’identification d’options concrètes d’adaptation, en les formulant dans une stratégie ancrée au niveau régional et en préparant sa mise en œuvre dans la pratique. Les principaux facteurs de succès suivants liés aux différentes dimensions peuvent être identifiés(Steinemann et al., 2016):

Facteurs de réussite liés aux conditions-cadres externes:

  • Au début du projet, les événements de danger antérieurs de ces dernières années avaient provoqué des problèmes, ce qui avait fait prendre conscience de la nécessité d’agir et accru la volonté d’entamer un processus d’adaptation régional.
  • Une réévaluation du risque d’inondation locale au cours du processus d’élaboration de la stratégie a laissé entendre que le risque était moins grave que ce qui avait été initialement supposé, ce qui a facilité la perception du problème des acteurs concernés. Bien que cette dynamique puisse être considérée comme ambivalente, les changements dans la perception des risques locaux ont facilité un changement dans la portée du processus stratégique, passant d’une attention assez étroite aux mesures de gestion des risques (structurelles) vers des perspectives de développement régional beaucoup plus larges.
  • La bonne disponibilité de données régionales sur les processus de danger naturel à l’heure actuelle et à l’avenir est une condition préalable favorable.
  • Le lancement de l’élaboration de stratégies et le choix des axes thématiques ont été poussés ascendants par les acteurs de la région et leurs besoins régionaux.
  • Le financement fédéral par le programme pilote a été soutenu. Il témoigne de la volonté politique et de la pertinence de l’adaptation au changement climatique au niveau gouvernemental supérieur.
  • La tradition suisse générale des habitants ayant un rôle civique important et ayant l’habitude d’agir dans divers rôles sociétaux s’est en même temps révélée un substrat fertile pour l’élaboration de politiques participatives.

Facteurs de succès liés au processus d’élaboration de la stratégie:

  • Large participation des acteurs régionaux concernés de plusieurs niveaux et de secteurs économiques d’importance régionale, y compris des acteurs clés ayant une bonne réputation et une grande crédibilité dans la région. Cela a également permis d’obtenir une large acceptation de la stratégie.
  • Un engagement fort des gestionnaires de processus et une forte motivation des acteurs participants. L’appropriation des acteurs a été favorisée par l’attribution de la responsabilité de l’élaboration des mesures à leur égard.
  • La participation de consultants externes a assuré la gestion professionnelle des projets, la facilitation attrayante des ateliers et l’efficacité de la préparation et du post-traitement des réunions.
  • L’octroi d’une flexibilité thématique au processus a permis de réagir aux changements des conditions-cadres externes et a ouvert une marge de manœuvre créative.
  • Les acteurs participants se sont engagés à mettre en œuvre la stratégie en signant une déclaration d’intention.

Facteurs de réussite liés au contenu de la stratégie:

  • Il a été crucial de traiter les risques naturels liés au climat dans un contexte plus large de développement régional, en tenant pleinement compte de leurs interactions avec les évolutions sociétales et les défis socio-économiques régionaux.
  • Il a soutenu que les possibilités découlant du changement climatique et de l’adaptation de la société ont également été abordées. Par exemple, l’une des mesures vise à tirer parti des processus paysagers dynamiques façonnés par l’évolution des conditions climatiques en les commercialisant comme un atout pour le tourisme.
  • Le processus stratégique a été institutionnalisé par la mise en place d’une nouvelle structure de gouvernance (groupe directeur avec mandat) pour sa mise en œuvre.

Il a été dans une certaine mesure un facteur limitatif que le travail de groupe avec les scénarios de changement climatique au cours du processus de l’atelier n’a pas été couronné de succès. L’idée initiale était de différencier les évaluations des problèmes et les options d’adaptation en fonction des différents scénarios de changement climatique (faible, moyen, fort), afin de tenir compte des incertitudes. Il s’est toutefois avéré que cette approche était trop complexe. Au lieu de cela, les acteurs ont élaboré des évaluations communes de l’orientation générale des évolutions futures dans le contexte du changement climatique (la situation actuelle s’améliore, se détériore ou reste constante), qui n’étaient pas liées à un horizon temporel spécifique.

Bien que la mise en œuvre de certaines mesures ait été réalisée ou montre des progrès satisfaisants, les modifications des conditions-cadres ont actuellement une incidence négative sur d’autres mesures ou limitent leur impact. Malgré les étapes préparatoires à la conversion des bâtiments inutilisés (mesure 2), un changement politique de l’administration locale a mis le processus en suspens. Un changement de personnel chez l’acteur responsable de la mesure 5) a jusqu’à présent retardé sa mise en œuvre. L’ensemble des arguments relatifs à la nouvelle ligne de chemin de fer Grimsel (mesure 4) a été complété et plaidé en faveur du projet, mais le gouvernement fédéral a entre-temps déclassé sa priorité.

Coûts et bénéfices

L’élaboration de la «Stratégie d’adaptation au climat pour la région Grimsel» a été l’un des projets financés par le programme pilote fédéral suisse d’adaptation au changement climatique. Dans sa première phase de financement, le programme pilote a financé 31 projets pour un volume total de 7,7 millions de francs suisses. À l’exclusion des mesures d’accompagnement, il s’agit d’un budget moyen d’environ 200 000 francs suisses par projet.

Pour chaque mesure définie dans la stratégie, les avantages et les résultats escomptés sont décrits et les besoins de financement sont caractérisés en termes qualitatifs, mais ni les avantages ni les coûts n’ont été quantifiés. La création et le fonctionnement du groupe directeur n’ont pas entraîné de coûts supplémentaires, car l’administration et le temps de travail sont à la charge des budgets ordinaires des organisations membres. Il n’a pas été possible d’estimer le coût d’autres mesures au moment de l’élaboration du document de stratégie, car dans la plupart des cas, les besoins de financement pour la pleine réalisation des mesures dépendent des résultats des premières étapes de mise en œuvre (par exemple, clarifier les besoins exacts des différents groupes d’utilisateurs en ce qui concerne le centre de données sur les dangers naturels prévu). En conséquence, l’estimation du coût fait parfois partie du plan de mise en œuvre étape par étape des mesures.

Les considérations qualitatives coûts-avantages ont joué un rôle important dans l’élaboration de la stratégie et sont à l’origine de plusieurs mesures. Par exemple, la protection des infrastructures routières contre les risques naturels et l’amélioration de la qualité de l’accès au trafic sont limitées par la disponibilité limitée des ressources financières publiques. L’orientation actuelle du régime de gestion des routes publiques sur la surveillance des points chauds de danger et la préparation de mesures de récupération en cas de dommages devra donc être maintenue, car le financement de mesures de protection structurelle plus importantes n’est pas réalisable. Des relations coûts-avantages similaires dans le domaine de la tension entre la prévention des risques (niveaux de protection adéquats) et la tolérance au risque (niveau de risque acceptable) contribuent à de nombreux défis auxquels la stratégie répond.

Le contenu du document de stratégie et les mesures d’adaptation qui y sont définies sont parfaitement liés à l’ensemble des législations municipales, cantonales et fédérales pertinentes.

Temps de mise en œuvre

La mise en œuvre de l’ensemble de mesures a débuté en 2016, c’est-à-dire immédiatement après la finalisation du document de stratégie et la fin du projet pilote de financement initial. Le groupe de pilotage de la mise en œuvre de la stratégie, en tant que mesure institutionnelle, a déjà été mis en place en 2016. Certaines mesures sont par nature assez ouvertes, tandis que l’achèvement de plusieurs autres mesures était initialement prévu jusqu’à la fin de 2018. Certaines de ces mesures étant retardées ou confrontées à des difficultés, elles pourraient faire l’objet d’une nouvelle programmation ou d’une révision par le groupe de pilotage.

Durée de vie

Les mesures définies dans la stratégie sont essentiellement non structurelles, mais plutôt axées sur les processus et visent à façonner les conditions et les processus durables pour un développement régional résilient et durable. En tant que tel, leur «temps de vie» n’est pas soumis à une plage de temps discrète.

Informations de référence

Contacter

Regionalkonferenz Oberland-Ost
Jungfraustrasse 38, Postfach 312, 3800 Interlaken
Email: region@oberland-ost.ch  
Homepage: https://www.oberland-ost.ch 

Oberingenieurkreis I, Tiefbauamt des Kantons Bern
Schlossberg 20, 3602 Thun 
Homepage: www.bve.be.ch/tba 

Référence

Pilot project “Climate Adaptation Strategy for the Grimsel area“, funded by the Swiss pilot programme for climate adaptation (1st funding phase: 2013-2017)

Publié dans Climate-ADAPT Nov 22 2022   -   Dernière modification dans Climate-ADAPT Apr 18 2024


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