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Stratégie d'adaptation climatique pour la région du Grimsel dans les Alpes suisses

© Oberingenieurkreis I

La région de Grimsel est exposée à des aléas naturels, exacerbés par le changement climatique. Une «stratégie d'adaptation au climat» participative a été élaborée pour assurer un développement régional durable, en mettant l'accent sur l'accès aux transports, la qualité de vie, la sécurité et la communication.

Les établissements, les infrastructures, l'utilisation des terres et les liaisons routières dans la région de Grimsel, dans le sud de la Suisse, sont fortement exposés aux risques liés aux processus hydrologiques et gravitationnels, tels que les chutes de roches, les coulées de boue, les glissements de terrain, les avalanches et les inondations favorisées par la sédimentation des débris. Le dégel du pergélisol, le retrait des glaciers et les fortes précipitations plus fréquentes dues au changement climatique devraient réduire davantage la stabilité des pentes et augmenter la probabilité de mouvements de masse. La région de Grimsel est située dans le canton de Berne au nord des Alpes bernoises et comprend les deux communes de haute montagne de Guttannen et Innertkirchen.

Pour faire face aux défis futurs résultant des effets combinés des aléas naturels induits par le climat sur les vulnérabilités socio-économiques préexistantes, les acteurs régionaux se sont engagés dans un processus participatif structuré (2014-2016) et ont élaboré la «Stratégie d’adaptation au climat pour la région de Grimsel» dans le cadre d’un programme de financement fédéral suisse. Le champ d'application thématique de la formulation de la stratégie s'est progressivement élargi et est passé d'une focalisation initialement plutôt étroite sur la gestion des risques naturels à des perspectives plus larges de développement régional résilient au changement climatique. Le document de stratégie final définit six mesures concrètes, dont une a déjà été mise en œuvre en 2016: la gouvernance de la mise en œuvre de la stratégie a été institutionnalisée par la mise en place d’un groupe de pilotage chargé de la coordination et du suivi. À la fin de 2018, la mise en œuvre de nouvelles mesures présente un tableau mitigé, l’état d’avancement de la mise en œuvre allant de la finalisation à l’état d’avancement, en passant par les difficultés rencontrées.

Description de l'étude de cas

Défis

La «stratégie d’adaptation au changement climatique pour la région de Grimsel» répond aux défis résultant de la combinaison i) des incidences du changement climatique sur les potentiels de risques naturels et ii) des vulnérabilités préexistantes du contexte socio-économique et socio-culturel.

La région de Grimsel se caractérise par une forte exposition aux processus de risques gravitationnels et hydrologiques, tels que les chutes de roches, les coulées de boue, les processus torrentiels, les glissements de terrain, les avalanches et les inondations par aggradation. En raison du dégel du pergélisol et du recul des glaciers, différentes parties de la région ont été touchées par des catastrophes naturelles majeures impliquant des mouvements de masse sur une base annuelle et dans une mesure croissante au cours des dernières années. En raison de l'élévation de la ligne de pergélisol due à la température, de la mobilisation des débris à la suite de l'ablation des glaciers, de la probabilité croissante de fortes précipitations et de la montée de la ligne de neige, il est prévu que les grands mouvements de masse deviendront plus probables également au cours de l'été à l'avenir.

La température moyenne annuelle en Suisse a déjà augmenté de 2,0 °C entre 1864 et 2017, contre 0,9°C dans le monde (CH2018, 2018). Selon les scénarios climatiques les plus récents pour la Suisse 2018 (CH2018,2018 ), jusqu’à la fin du XXIesiècle, la température moyenne annuelle sur l’ensemble du territoire suisse pourrait augmenter jusqu’à 6,9 °C depuis l’ère préindustrielle (5,4°C par rapport à la période de référence 1981-2010) pour le scénario d’émissions non atténuées RCP8.5. Pour le scénario d’atténuation conforme aux 2 °C RCP2.6, le réchauffement sera probablement de l’ordre de 2,1 à 3,4 °C au-dessus des niveaux préindustriels (0,6 à 1,9 °C par rapport à la période 1981-2010). Un réchauffement encore plus fort devrait se produire pendant la saison estivale. À long terme, le changement climatique non atténué (RCP8.5) entraînera probablement une diminution des précipitations moyennes au-dessus de la Suisse pendant l'été et une augmentation pendant l'hiver. Selon la région, l'augmentation médiane prévue des précipitations hivernales d'ici 2100 varie de +12 % à +22 %, et la diminution médiane des précipitations estivales varie de -10 % à -24 %. On estime que dans le scénario RCP8.5, le niveau zéro degré augmentera de 700 à 1050 mètres en hiver (par rapport à 1981-2010). Cela se traduira par une diminution probable des chutes de neige de plus de -50% et une diminution de la couverture de neige hivernale moyenne de -80% à basse altitude. Il existe des preuves solides qu'il y aura des épisodes de fortes précipitations plus fréquents et plus intenses, en particulier au cours de la moitié de l'hiver, les intensités des épisodes de pointe montrant les changements les plus importants: pour RCP8.5, les quantités de précipitations pendant les épisodes de fortes précipitations d’une journée avec des intervalles de retour de 100 ans devraient augmenter de 10 à 25 % jusqu’en 2100. Les effets combinés de l'augmentation des précipitations hivernales, d'une part croissante des précipitations au lieu de la neige et de l'intensification des événements pluviométriques extrêmes auront de graves implications pour le risque d'inondations et d'autres processus de risques naturels.

L’analyse nationale suisse des risques et opportunités liés au climat (Köllneret al., 2017)a identifié l’augmentation de la fréquence et/ou de l’extension spatiale des mouvements de masse dus au retrait des glaciers et au dégel du pergélisol, y compris dans des zones qui n’étaient auparavant pas touchées, comme un risque prioritaire lié au changement climatique pour plusieurs régions suisses, dont les Alpes suisses. Sans mesures d'adaptation, la diminution de la stabilité des pentes et des mouvements de masse plus fréquents sont susceptibles d'accroître considérablement le risque de dommages aux vies humaines et aux biens matériels (bâtiments, infrastructures, dommages indirects, diminution des capacités de stockage des réservoirs d'eau).

Dans la région de Grimsel, la forte pression actuelle due aux coulées de boue et aux inondations locales dans certaines parties des territoires municipaux a été un facteur important pour lancer l’élaboration de la stratégie d’adaptation au changement climatique. Dans leur évaluation des défis futurs, les parties prenantes participantes ont conclu que les menaces causées par une série de dangers hydrogravitationnels sont susceptibles d’augmenter dans des conditions de progrès du changement climatique, y compris une prolongation des périodes sujettes aux dangers jusqu’àla saison estivale (Bender-Gàl et al., 2016). Les risques qui en résultent affectent directement la seule route cantonale, qui est la principale liaison de transport public à l'intérieur et à l'extérieur de la région, le réseau routier secondaire, les bâtiments et les établissements, les infrastructures d'approvisionnement (eau potable, lignes électriques, télécommunications) et les installations liées à la production hydroélectrique, qui est un atout économique majeur de la région.

Les incidences du changement climatique sur les risques naturels sont étroitement liées aux multiples questions de développement régional dans cette zone rurale périphérique. Les risques croissants liés aux risques naturels se chevauchent et interagissent avec d'autres pressions externes et tendances socio-économiques en vigueur dans la région, ce qui les exacerbe souvent. Ces facteurs non climatiques comprennent: l'évolution démographique (exode rural, vieillissement de la population); les limitations du développement des colonies dues aux conditions naturelles; des capacités financières publiques limitées pour les mesures de protection structurelle; altération de la perception des risques par la population (affectant la perception de la qualité de vie); la dépendance de l’attractivité pour le tourisme et des niveaux d’emploi à l’égard de la continuité de la liaison routière. Les aléas naturels liés au climat influencent ces facteurs de développement régional en affectant trois conditions préalables essentielles au développement régional durable et en menaçant leur équilibre nécessaire, à savoir: i) la connectivité des transports et la fiabilité des infrastructures publiques, ii) la sécurité et iii) la qualité de vie.

Contexte politique de la mesure d’adaptation

Case developed and implemented as a climate change adaptation measure.

Objectifs de la mesure d'adaptation

Au sein du pôle thématique «Coping with natural hazards», l’élaboration de la «stratégie d’adaptation au changement climatique pour la région de Grimsel» a été l’un des 31 projets pilotes financés par la première phase de financement (2013-2017) du programme pilote fédéral suisse d’adaptation au changement climatique. Ce programme soutient la mise en œuvre de la stratégie nationale suisse d’adaptation (Conseilfédéral, 2012) en apportant un soutien financier à des projets innovants et exemplaires en matière d’adaptation au changement climatique dans les cantons, les régions et les communes.

Le projet pilote dans la région de Grimsel visait à sensibiliser les acteurs régionaux aux conséquences du changement climatique et à promouvoir la coopération entre les acteurs concernés à tous les niveaux et dans tous les secteurs. Les objectifs concrets étaient d'identifier les options d'adaptation, d'élaborer une stratégie d'adaptation sous-régionale à long terme pour faire face aux risques naturels de manière coordonnée, et d'obtenir l'engagement des acteurs à sa mise en œuvre.

Le document de stratégie s'articule autour de quatre orientations stratégiques pour un développement régional durable dans les conditions du changement climatique: i) l'accès aux transports, ii) la qualité de vie, iii) la sécurité et iv) la communication. Pour ceux-ci, les objectifs suivants ont été définis (Bender-Gàlet al., 2016):

  1. Infrastructures de transport: Une accessibilité adéquate est assurée, en tenant compte des aspects coûts-avantages, tandis que différentes qualités d’accès au trafic sont possibles pour différents tronçons routiers.
  2. Qualité de vie: L'utilisation optimale des potentiels de la région reste possible malgré le changement climatique. La tendance à émigrer ne s'intensifiera pas malgré les effets du changement climatique et ses conséquences sur la qualité de vie seront atténuées.
  3. Sécurité : Vivre dans les municipalités reste sûr, et les habitants ont un bon sentiment de sécurité. Les risques pour les personnes et la valeur des biens sont minimisés.
  4. Communication : La communication à l'intérieur et à propos de la région est facilement compréhensible, bien ciblée, adaptée aux besoins de chaque niveau décisionnel, régulière, effectuée au bon moment et par des canaux de communication clairement convenus.

En outre, la stratégie recense cinq domaines d’intérêt et définit des objectifs qualitatifs visant un développement régional durable et résilient au changement climatique pour chacun d’entre eux.

Solutions

La «stratégie d’adaptation au changement climatique pour la région de Grimsel» (Bender-Gàlet al., 2016)reconnaît que les risques croissants dus au changement climatique et à d’autres évolutions sociales en cours sont étroitement liés. Elle aborde ainsi l’adaptation au changement climatique et le développement régional durable de manière couplée (Steinemann et al., 2017). En conséquence, les domaines d’action de la stratégie sont en partie directement liés aux processus de risques naturels liés au climat et en partie ciblés également sur les influences non climatiques sur le développement régional au sens large. La stratégie vise donc à garantir un développement régional résilient au changement climatique dans un contexte de gestion des risques et des aléas naturels.

Sur la base d’évaluations du statu quo, des changements attendus, des défis futurs qui en résultent et des opportunités potentielles, le document de stratégie (Bender-Gàlet al., 2016) définit les orientations stratégiques et les cinq domaines d’intérêt suivants: (a) les bâtiments, établissements et installations; b) les routes et infrastructures cantonales; c) le tourisme; (d) l'emploi et le développement économique; et e) la vie villageoise, les aspects socioculturels et le paysage. Pour chacun des domaines d’intérêt, les domaines d’action potentiels sont identifiés, évalués et hiérarchisés, ce qui donne lieu à un portefeuille de six mesures concrètes. Celles-ci sont définies de manière opérationnelle, y compris les responsabilités, les étapes de travail, les indicateurs de progrès, etc. Les mesures sont de types et d'adresses différents: les cadres institutionnels, l'amélioration de la base de connaissances, le développement de l'établissement, la communication, le marketing et les contributions à une solution technique. Les mesures suivantes ont été définies:

  • Mise en place d’un comité de pilotage pour la «Stratégie d’adaptation au changement climatique pour la région de Grimsel»: Constituer un groupe de pilotage et définir ses tâches et son mandat afin d'assurer la mise en œuvre, le suivi et l'avancement des mesures.
  • Conversion de biens immobiliers inutilisés à des fins résidentielles (municipalité de Guttannen, hameau de Boden): Créer de nouveaux espaces de logement, attirer de nouveaux résidents et promouvoir un développement de l'habitat axé sur l'intérieur, afin de garantir la vie sociale et culturelle du village et de préserver l'attractivité de la région en tant qu'espace de vie malgré les adversités du changement climatique. La mesure répond aux pertes perçues de sécurité et de qualité de vie dues aux aléas naturels induits par le climat et vise à contrer l’émigration alimentée par l’évolution de la perception des risques par la population.
  • Améliorer l'échange de données et d'informations sur les risques naturels: Mise en place d'une infrastructure et de procédures pour l'échange et le traitement de données et d'informations sur les risques naturels provenant de diverses sources et pour leur communication aux experts et au public. Cela aidera les acteurs régionaux à faire face aux risques.
  • Préparation d'une éventuelle nouvelle connexion ferroviaire: La mesure vise à contribuer à la récente discussion politique sur les projets de construction d’un nouveau chemin de fer à voie étroite, relié à une ligne électrique à haute tension, dans un réseau de tunnels de 20 km de long passant nord-sud sous le col du Grimsel. Le projet offre une alternative «à l’épreuve du climat» à la route cantonale sujette aux dangers. Les incidences éventuelles du projet sur la région et son exposition aux risques naturels doivent être évaluées et prises en compte dans la prise de décision.
  • Amélioration de la communication de crise pour le tourisme: Élaborer et mettre en œuvre un concept de communication sur mesure pour transmettre de manière plus opportune, précise et efficace des informations sur la survenance d'événements dangereux aux groupes d'utilisateurs touristiques.
  • Commercialisation de l'environnement naturel et des processus dynamiques: Développer des produits touristiques qui commercialisent le paysage et l'environnement naturel en tant qu'atouts régionaux. Cela contribuera également à sensibiliser les clients aux processus liés aux risques naturels et à mieux faire comprendre les mesures d’urgence telles que les fermetures de routes.

Mesure de mise en œuvre 1), la stratégie a été structurellement ancrée dans la région en établissant le groupe de pilotage dès 2016. Le groupe directeur fait partie d'un nouveau dispositif de gouvernance pour la mise en œuvre de la stratégie qui s'appuie sur les structures institutionnelles existantes dans la région et combine la coordination centrale avec les responsabilités décentralisées. Il est composé d'institutions importantes qui ont participé à l'élaboration de la stratégie et présidé par le Regionalkonferenz Oberland-Ost, une institution chargée de coordonner la politique régionale et qui agit à l'interface des autorités municipales, cantonales et fédérales. Les acteurs participant à l'élaboration de la stratégie se sont engagés à la mettre en œuvre en signant une déclaration d'intention.

À la fin de 2018, la mise en œuvre de nouvelles mesures présente un tableau mitigé, l’état d’avancement de la mise en œuvre allant de l’état finalisé à l’état en cours, en passant par les difficultés rencontrées: La valorisation touristique des processus de risques naturels (mesure 6) fonctionne avec succès et apporte des cours universitaires, des excursions scientifiques et des visites d'étude de visiteurs d'aussi loin que d'autres continents dans la région. L’amélioration de l’échange de données sur les risques naturels (mesure 3) entre les principaux opérateurs d’infrastructures de la région progresse très bien et a donné des résultats substantiels, par exemple en ce qui concerne la réparation des structures de surveillance redondantes, l’utilisation commune des bases de données gérées par des opérateurs uniques et l’acquisition conjointe de nouveaux systèmes de surveillance. L'ensemble des arguments relatifs aux plans pour une nouvelle connexion ferroviaire (mesure 4) a été préparé et communiqué aux décideurs responsables, mais en raison de décisions politiques prises au niveau fédéral, le projet de construction a été reporté à un moment ultérieur. La mise en œuvre des mesures 2) et 5) est actuellement retardée ou suspendue parce que les conditions-cadres essentielles ont changé (nouvelle administration municipale, changement personnel de l’acteur responsable de la mesure).

Détails supplémentaires

Participation des parties prenantes

La «stratégie d’adaptation au changement climatique pour la région de Grimsel» a été élaborée dans le cadre d’un processus participatif qui s’est déroulé de 2014 à 2016. La participation de toutes les parties prenantes concernées et la large représentation d’acteurs institutionnels importants au sein du groupe de travail ont été identifiées comme un facteur clé de réussite du projet (Steinemann et al., 2016). Surtout, le processus de participation a réussi à réunir des acteurs sectoriels de différents niveaux qui, jusqu'alors, poursuivaient des stratégies de gestion des risques distinctes de manière plutôt fragmentée. L'organisation du processus était composée de la direction du projet, du groupe de travail, d'un expert externe sous-traitant et de l'Office fédéral de l'environnement (OFEV) en tant que coordinateur du programme de financement. L'équipe de gestion des processus était dirigée par le Regionalkonferenz Oberland-Ost, qui agissait également en tant qu'organe d'exécution du projet, et comprenait des représentants du bureau d'ingénierie de l'administration cantonale (Oberingenieurkreis I) et d'une municipalité. Parmi les autres partenaires représentés dans le groupe de travail figuraient toutes les municipalités, les bureaux cantonaux compétents et les acteurs publics et privés représentant les secteurs clés régionaux de l'industrie de l'énergie, des infrastructures de transport, du tourisme et de l'agriculture. Un consultant externe était responsable de l'orientation des processus, de la facilitation des réunions et des conseils d'experts. Des conseils et une expertise supplémentaires ont été fournis par un agent d'adaptation au climat de l'organisme de financement FOEN.

La stratégie a été élaborée dans le cadre d'un atelier structuré en cinq phases. Commençant par un événement de lancement en mai 2014 et se terminant par un événement de clôture en janvier 2016, six ateliers au total ont été organisés. Ils ont permis d’identifier et de délibérer sur les besoins et les perceptions des problèmes des acteurs, les interdépendances systémiques, les besoins et les options d’action, les conflits éventuels, la conception de la stratégie, les priorités et les orientations stratégiques, les objectifs communs et les mesures concrètes. Les ateliers ont été préparés et post-traités au moyen de documents d'information, qui ont été progressivement transformés en document de stratégie final.

Les entretiens exploratoires bilatéraux, en particulier avant le premier atelier, se sont révélés très utiles pour clarifier la situation réelle du problème et structurer la discussion au cours des ateliers. Dans une certaine mesure, ces discussions ont complété les ateliers, au cas où les ressources limitées en temps ne permettraient pas à tous les participants d'exprimer pleinement toutes leurs préoccupations. Le format "café mondial" s'est révélé être une méthode particulièrement appropriée pour faciliter les discussions en petits groupes au sein des ateliers. La participation active au processus et l’identification positive à ses résultats ont été encouragées en invitant les participants à apporter leur contribution, par exemple sur la vision future de leur groupe d’intérêt, et en leur attribuant la responsabilité de l’élaboration des mesures.

Le processus de participation des parties prenantes était crucial pour atteindre l'équilibre approprié des mesures dans le domaine du stress couvert par les objectifs stratégiques. Cela impliquait de trouver un équilibre entre des niveaux de risque acceptables et des niveaux adéquats de sécurité, d'accessibilité et de qualité de vie. Dans leurs leçons apprises (Steinemann et al., 2016), les gestionnaires de processus concluent que les faits scientifiques seuls ne sont pas suffisants pour prendre des jugements connexes, mais qu’il est nécessaire de développer des positions communes en échangeant des points de vue différents et des perceptions de problèmes dans un processus de délibération collective.

Facteurs de réussite et facteurs limitants

La «stratégie d’adaptation au changement climatique pour la région de Grimsel» est considérée comme un succès et un projet de «bonnes pratiques» par les coordinateurs du programme pilote suisse pour l’adaptation au changement climatique (OFEV,2017). Il fait partie de la minorité des projets pilotes qui sont allés au-delà de l'amélioration de la base de connaissances ou de l'élaboration d'outils de soutien et ont procédé à l'identification d'options d'adaptation concrètes, à leur formulation dans une stratégie ancrée au niveau régional et à la préparation de sa mise en œuvre dans la pratique. Les principaux facteurs de réussite suivants liés à différentes dimensions peuvent être identifiés (Steinemann et al., 2016):

Facteurs de succès liés aux conditions-cadres externes:

  • Les événements dangereux qui ont précédé ces dernières années ont provoqué des problèmes au début du projet, ce qui a fait prendre conscience de la nécessité d'agir et a accru la volonté d'entamer un processus d'adaptation régional.
  • Une réévaluation du risque local d'inondation au cours du processus d'élaboration de la stratégie impliquait que le risque était moins grave qu'on ne l'avait supposé à l'origine, ce qui atténuait la perception du problème par les acteurs concernés. Bien que cette dynamique puisse être considérée comme ambivalente, les changements dans la perception des risques locaux ont facilité un changement dans la portée du processus de stratégie, passant d'une focalisation plutôt étroite sur les mesures de gestion des risques (structurels) à des perspectives de développement régional beaucoup plus larges.
  • La bonne disponibilité des données régionales sur les processus de risques naturels à l'heure actuelle et à l'avenir était une condition préalable favorable.
  • Le lancement de l'élaboration d'une stratégie et le choix des domaines thématiques ont été dictés par les acteurs de la région et leurs besoins régionaux.
  • Le financement fédéral par le programme pilote a été favorable. Il témoigne de la volonté politique et de la pertinence de l’adaptation au changement climatique au niveau gouvernemental supérieur.
  • La tradition suisse selon laquelle les habitants jouent un rôle civique important et sont habitués à jouer divers rôles sociétaux en même temps s'est révélée un substrat fertile pour l'élaboration de politiques participatives.

Facteurs de succès liés au processus d'élaboration de la stratégie:

  • Une large participation des acteurs régionaux concernés de plusieurs niveaux et secteurs économiques d'importance régionale, y compris des acteurs clés jouissant d'une bonne réputation et d'une grande crédibilité dans la région. Cela a également permis d'obtenir une large acceptation de la stratégie.
  • Un engagement fort des gestionnaires de processus et une forte motivation des acteurs participants. L'appropriation des acteurs a été favorisée en leur attribuant la responsabilité de l'élaboration des mesures.
  • La participation de consultants externes a assuré une gestion de projet professionnelle, une facilitation attrayante des ateliers et une préparation et un post-traitement efficaces des réunions.
  • L'octroi d'une flexibilité thématique au processus a permis de réagir à l'évolution des conditions-cadres externes et a ouvert une marge de manœuvre créative.
  • Les acteurs participants se sont engagés à mettre en œuvre la stratégie en signant une déclaration d'intention.

Facteurs de succès liés au contenu de la stratégie:

  • Le fait que les risques naturels liés au climat aient été traités dans un contexte de développement régional plus large, en tenant pleinement compte de leurs interactions avec les évolutions sociétales et les défis socio-économiques régionaux, a été un facteur de réussite crucial.
  • Il est encourageant de constater que les possibilités découlant du changement climatique et de l'adaptation de la société ont également été prises en compte. Par exemple, l'une des mesures vise à tirer parti des processus dynamiques du paysage façonnés par l'évolution des conditions climatiques en les commercialisant comme un atout pour le tourisme.
  • Le processus stratégique a été institutionnalisé par la mise en place d'une nouvelle structure de gouvernance (groupe directeur avec mandat) pour sa mise en œuvre.

Il a été dans une certaine mesure un facteur limitant que le travail de groupe avec des scénarios de changement climatique au cours du processus de l'atelier n'a pas été couronné de succès. L'idée initiale était de différencier les évaluations des problèmes et les options d'adaptation en fonction des différents scénarios de changement climatique (faible, moyen, fort), afin de tenir compte des incertitudes. Il s'est toutefois avéré que cette approche était trop complexe. Au lieu de cela, les acteurs ont élaboré des évaluations communes de l'orientation générale des développements futurs dans le cadre de l'évolution du changement climatique (amélioration, détérioration ou maintien de la situation actuelle), qui n'étaient pas liées à un horizon temporel spécifique.

Si la mise en œuvre de certaines mesures a été réalisée ou progresse de manière satisfaisante, les modifications des conditions-cadres ont actuellement une incidence négative sur d’autres mesures ou limitent leur incidence. Malgré les étapes préparatoires à la conversion des bâtiments inutilisés (mesure 2), un changement politique du gouvernement local a actuellement mis le processus en suspens. Un changement de personnel chez l’acteur responsable de la mesure 5) a jusqu’à présent retardé sa mise en œuvre. L'ensemble des arguments relatifs à la nouvelle ligne de chemin de fer Grimsel (mesure 4) a été complété et plaidé en faveur du projet, mais le gouvernement fédéral a entre-temps déclassé sa priorité.

Coûts et avantages

L’élaboration de la «Stratégie d’adaptation au changement climatique pour la région de Grimsel» était l’un des projets financés par le programme pilote fédéral suisse d’adaptation au changement climatique. Dans sa première phase de financement, le programme pilote a financé 31 projets pour un montant total de 7,7 millions de francs suisses. Si l'on exclut les mesures d'accompagnement, cela représente un budget moyen d'environ 200 000 francs suisses par projet.

Pour chaque mesure définie dans la stratégie, les avantages et les résultats escomptés sont décrits et les besoins de financement sont caractérisés en termes qualitatifs, mais ni les avantages ni les coûts n’ont été quantifiés. La mise en place et le fonctionnement du groupe de pilotage n'ont entraîné aucun coût supplémentaire, car l'administration et le temps de travail sont pris en charge par les budgets ordinaires des organisations membres. Il n’a pas été possible d’estimer les coûts d’autres mesures au moment de l’élaboration du document de stratégie, car, dans la plupart des cas, les besoins de financement pour la pleine réalisation des mesures dépendent des résultats des premières étapes de mise en œuvre (par exemple, la clarification des besoins exacts des différents groupes d’utilisateurs en ce qui concerne la plateforme de données sur les risques naturels prévue). Par conséquent, l'estimation des coûts fait parfois partie du plan de mise en œuvre progressive des mesures.

Les considérations qualitatives coûts-avantages ont joué un rôle important dans l'élaboration de la stratégie et sont à l'origine de plusieurs mesures. Par exemple, la protection des infrastructures routières contre les risques naturels et l'amélioration de la qualité de l'accès au trafic sont limitées par la disponibilité limitée des ressources financières publiques. L'accent actuellement mis par le régime de gestion des routes publiques sur la surveillance des points chauds et la préparation de mesures de récupération en cas de dommages devra donc être maintenu, car le financement de mesures de protection structurelles plus importantes n'est pas réalisable. Des relations coûts-avantages similaires dans le domaine de la tension entre la prévention des risques (niveaux de protection adéquats) et la tolérance aux risques (niveaux de risque acceptables) contribuent à un grand nombre des défis auxquels la stratégie répond.

Délai de mise en œuvre

La mise en œuvre du train de mesures a commencé en 2016, c’est-à-dire immédiatement après la finalisation du document de stratégie et la fin du projet pilote de financement d’amorçage. Le groupe de pilotage pour la mise en œuvre de la stratégie, en tant que mesure institutionnelle, a déjà été mis en place en 2016. Certaines mesures sont par nature assez ouvertes, tandis que l’achèvement de plusieurs autres mesures était initialement prévu jusqu’à la fin de 2018. Certaines de ces mesures étant retardées ou confrontées à des difficultés, elles pourraient faire l’objet d’une reprogrammation ou d’une révision par le groupe de pilotage.

Durée de vie

Les mesures définies dans la stratégie sont essentiellement non structurelles, mais plutôt axées sur les processus et visent à façonner les conditions et les processus durables pour un développement régional durable et résilient au changement climatique. En tant que telles, leur «durée de vie» n’est pas soumise à un intervalle de temps distinct.

Informations de référence

Contact

Regionalkonferenz Oberland-Ost
Jungfraustrasse 38, Postfach 312, 3800 Interlaken
Email: region@oberland-ost.ch  
Homepage: https://www.oberland-ost.ch 

Oberingenieurkreis I, Tiefbauamt des Kantons Bern
Schlossberg 20, 3602 Thun 
Homepage: www.bve.be.ch/tba 

Références

Projet pilote «Stratégie d’adaptation au changement climatique pour la région de Grimsel», financé par le programme pilote suisse pour l’adaptation au changement climatique (1ère phase de financement: 2013-2017)

Publié dans Climat-ADAPT: Nov 22, 2022

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